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17 mars 2009 2 17 /03 /mars /2009 07:43
Savez-vous qu'à Cayenne, il existe une rue Madame Paillé ? Demandez à un Guyanais qui est Madame Paillé...ils sont très nombreux à le savoir. Son destin est hors du commun et sa générosité vaut qu'on s'attaarde sur elle, à mon avis...


Pour initier cette série, Mme Paillé, femme réduite en esclavage, puis devenue libre et habi-tante fortunée de la colonie de Guyane au XVIII e siècle, nous a semblé toute désignée par son existence remarquable. Amomba devient madame Paillé. Amomba est une négresse née en Afrique à la fin du XVII e siècle. Sa date et son lieu de naissance nous sont inconnus, de même que la date de son arrivée dans la colonie. Avant son mariage, elle est esclave au service du lieutenant François de La Motte Aigron. Le 29 juin 1704, elle épouse par consentement mutuel Jean Paillé, soldat de la garnison de Cayenne, maître maçon et tailleur de pierre. La cérémonie a lieu à l'église Saint-Sauveur de Cayenne, sous l'office du père Mousnier, curé de la paroisse. Selon l'historienne Marie Polderman 1 , « ce mariage ne fut possible que parce que la situa-tion sociale de Jean Paillé était très modeste et qu'il a été célébré au tout début du XVIII e siècle ». En effet l'esclavage induit une cohabitation quotidienne entre personnes de couleurs et de statuts juridiques distincts, qui ne va pas sans accouplements. D'autant que les colons arrivés en Guyane étaient fréquemment célibataires ; il leur était possible de choisir parmi les négresses asservies une compagne. Le code noir, appliqué à partir de 1685 autorise par ses articles IX, X et XIII le mariage entre une personne libre et une personne esclave. Toutefois, la recrudescence de ces unions contredisait l'étanchéité sociale sur laquelle repo-sait la société esclavagiste : une personne esclave accédait à la liberté en épousant une per-sonne libre, c'est le cas de madame Paillé. En outre, cette union des couleurs apparaît aux yeux de l'aristocratie coloniale comme une souillure, une atteinte à la pureté raciale conduisant à la mise en péril de la société coloniale. L'affranchi est un intrus qui jette le trouble parmi les colons, il remet en cause l'identité de l'habitant blanc. Sa couleur noire ne signifie plus qu'il est esclave, il devient sujet de droit, autorisé à être propriétaire de terres et d'esclaves. Aussi, la monarchie s'emploie à satisfaire les colons en contraignant les mariages mixtes. Dès 1733, une ordonnance royale précise : « je veux aussi que tout habitant qui se mariera avec une négresse ou mulâtresse ne puisse être officier, ni posséder aucun emploi dans les colonies ».

25 MADAME SUZANNE AMOMBA PAILLÉ (PAYÉE) ( ? ,1755) Olivier GRASSET Professeur d'histoire-géographie - collège Lise Ophion - Matoury Portrait guyanais 1 Marie Polderman, La Guyane française de 1676 à 1763 : mise en place et évolution de la société coloniale, tensions et métissa-ges, Université de Toulouse Le Mirail, 2002. Consultable aux Archives.
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